Avec une vitesse inouïe, une grande capacité d’adaptation et de riposte, le Coronavirus, SARS Cov2, COVID19 continue sa mutation, sa lancée et comptabilise à ce jour plus de 350.000 décès à travers le monde. Aussi, est-il la cause d’un taux de chômage mondial jamais égalé depuis la période de grande dépression de 1929, une paupérisation de toutes les classes sociales du monde occidental et d’ailleurs, des entreprises asphyxiées, des Etats et des banques en faillite. Avec les crises sanitaire, économique, sociale, financière, sociétale, tous les éléments du puzzle des grandes mutations de cette référence Covid sont en train de se mettre en place.
Avec le Covid-19, l’ordre mondial de 1945 a affiché ses limites. La puissance économique des pays n’est plus seulement liée à la puissance financière, mais de la combinaison des capacités d’intelligence sociale, de créativité et d’innovation.
Les grandes puissances de ce monde peinent à anéantir le coronavirus, malgré leurs systèmes sanitaires et de recherche des plus sophistiqués. Les pays émergents et en développement s’en sortent mieux, avec moins de morts et un recours à la médecine naturelle à base de plantes.
Cette nouvelle situation dubitative mondiale, va amener beaucoup de pays en émergence à repenser complètement leur stratégie de développement basée sur le schéma des accords de Bretton Woods.
Depuis plus de vingt (20) ans, les études prospectives de SOPEL International, ont attiré l’attention des gouvernants des pays du Sud, sur la nécessité de repenser autrement le développement durable de leur pays et du continent. Un concept, une méthodologie et une approche pragmatique ont été mis au point pour accompagner ces pays dans la Nouvelle Economie.
Cette nouvelle révolution traverse l’économie contemporaine sous l’effet conjugué de quatre forces : la vitesse, la connectivité, l’immatériel et l’innovation.
I. L’INTELLIGENCE ECONOMIQUE, IE & INTELLIGENCE ECONOMIQUE ET DEVELOPPEMENT, IED
Définition et Actions : Quel contenu et quelle réalisation ?
L’Intelligence Economique peut se définir comme la maîtrise de l’information stratégique dans le cadre du développement des entreprises et des Etats dans la nouvelle Economie.
Intelligence : S’informer, comprendre, anticiper pour agir.
-Quelle est la vraie signification des phénomènes sociaux que nous observons ?
-Quelles sont les questions dont se posent tous les décideurs économiques et politiques ?
-Comment peut-on parvenir à une interprétation correcte de notre environnement économique, politique et social ?
Economie : Production et utilisation de biens et services plus Environnement sociopolitique déterminant.
Le concept moderne d’intelligence économique fut développé pour la première fois à la fin des années 1960 aux Etats Unis par Harold Wilensky. Il pose dans son ouvrage deux problématiques qui font l’objet aujourd’hui de tant de préoccupations :
* Les stratégies collectives et la coopération entre gouvernements et entreprises dans la production d’une connaissance commune pour la défense et l’avantage concurrentiel ;
* L’importance de la “connaissance” dans l’économie et l’industrie comme moteur stratégique du développement et du changement.
Pour introduire la notion d’intelligence économique, Wilensky identifie quatre déterminants de l’allocation de pouvoir, d’argent et de temps à l’intelligence (entendue comme le recueil, l’interprétation et la valorisation systématique de l’information pour la poursuite de ses buts stratégiques) dans une organisation :
1- le degré de conflit ou de compétition dans l’environnement est lié de façon caractérisée au degré d’implication, ou de dépendance envers un gouvernement ;
2- le degré de dépendance de l’organisation sur le soutien interne et l’unité ;
3- le degré auquel les organisations internes et l’environnement externe font l’objet d’une croyance du management dans leur possibilité d’être rationalisés, c’est à dire, caractérisés par des uniformités prévisibles, et donc sujet à l’influence ;
4- la taille de la structure de l’organisation – l’hétérogénéité de ses membres, la diversité de ses buts et la centralisation de son système d’autorité.
II. L’INTELLIGENCE ECONOMIQUE ET DEVELOPPEMENT – IED
Le concept d’Intelligence Economique nationale fut abordé pour la première fois par le Professeur Stevan Dedijer de l’Université de LUND en suède vers les années 1970. Il s’agissait d’une approche fortement basée sur les techniques d’intelligence sociale. L’intelligence sociale est, pour ce visionnaire, l’approche la mieux adaptée pour « faire émerger » les systèmes d’intelligence nationaux, voire dans les pays en voie de développement, pour les créer. Il définit l’intelligence sociale comme étant l’ensemble des activités d’une société, reliées à l’intelligence, la capacité à s’adapter, répondre à des circonstances changeantes, afin de réaliser des objectifs de développement décidés. C’est à partir de ces travaux et d’expériences dans ce domaine que, dès les années 1980, il a préconisé une méthodologie d’utilisation des techniques de l’intelligence sociale visant à faciliter l’observation, le décryptage et l’interprétation de l’environnement d’un pays en développement (PED).
Le nouveau concept d’Intelligence Economique et Développement, IED, est la continuité des travaux du Professeur Stevan Djedijer. Il est orienté vers les problématiques du développement stratégique des Etats et des entreprises. Le concept est développé à PARIS par nos soins dès 1995 chez SOPEL INTERNATIONAL².
Le constat est parti de l’impérieuse nécessité de maîtriser l’information stratégique, de la mobilisation des connaissances disponibles (National et Diaspora), pour assurer son propre développement (Etat, Entreprise), avec une valorisation de toutes ses ressources humaines.
L’équation Développement = maitrise de l’information stratégique, a été le fil conducteur du concepteur de l’Intelligence Economique et Développement, IED.
Cette démarche endogène est valable aussi bien pour nos entreprises que pour nos Etats, surtout dans un monde dominé par la globalisation des économies, des technologies de l’information et la concurrence internationale.
Pour agir sur le terrain de l’IED3, il faut maîtriser les quatre paramètres fondamentaux[1] : Savoir, Compétence, Créativité, Innovation et les deux (2) axes du management disruptive :
– La vision, perception originale et subjective de l’univers concurrentiel, est l’inspiration fondamentale et nécessaire de l’intelligence économique.
– Son essence : une capacité à rompre avec les modes de pensées traditionnels en acceptant la combinaison de la raison et le l’intuition.
L’intelligence économique s’inscrit dans des courants de pensées philosophiques de management et scientifique, qui remettent en cause les théories traditionnelles mécanistes et rationnelles d’interprétation du monde. L’attitude qui consiste à vouloir appliquer des principes généraux à des cas particuliers nuit à la recherche d’une vérité créative aujourd’hui indispensable aux stratèges dans la nouvelle Economie.
La démarche d’INTELLIGENCE ECONOMIQUE et DEVELOPPEMENT, IED, doit transposer le développement du continent africain, vers une nouvelle société du savoir, de la connaissance et dans la Nouvelle Economie. La démarche d’Intelligence Economique a pour objectif la réalisation de trois paramètres fondamentaux :
- Sécurité alimentaire ;
- Sécurité et patriotisme économique ;
- Patriotisme civique.
Ces objectifs devront respectivement être réalisés par trois acteurs :
- Le politique (Gouvernement et Institutions Publiques) ;
- Les entreprises ;
- La société civile.
Le « ciment » de cette démarche d’Intelligence Economique se trouve être les TIC (Technologies de l’Information et de la Communication). Il faut un gouvernement et des entreprises adaptés, ouverts sur l’extérieur (E-Gouvernement) et capables d’apporter des solutions nouvelles, innovantes adaptées au nouvel environnement de mondialisation et des Technologies disruptives. C’est la seule façon de construire un développement endogène et durable dans cette nouvelle société de la connaissance.
Le monde vit à l’heure de la révolution de l’information qui se caractérise par des mutations comparables à celle de la période industrielle des XVIIIe et XIXe siècles. Aujourd’hui, l’adaptation des organisations publiques et privées à cette révolution informationnelle et à la nouvelle économie qu’elle induit, passe, entre autres, par la connaissance et l’appropriation de savoirs et de savoir-faire nouveaux, qui touchent plus particulièrement les technologies de l’information (TIC). De tels changements signifient, pour l’individu et la société, de profondes transformations sur les plans politique, économique et culturel, qui ne vont pas sans soulever nombre de questions.
Les entreprises africaines se retrouvent aujourd’hui dans un environnement de plus en plus incertain, concurrentiel et protéiforme, face à la globalisation de l’économie, à “l’accélération” du temps et à la dématérialisation de la société transformée en société du “savoir”. Les décisions stratégiques reposent sur une information cruciale, aujourd’hui issue d’un univers qui se complexifie où l’espace-temps se rétrécit, où les processus se sont accélérés et nécessitent des réactions rapides.
Le management devient subtil, délicat, parce que les talents individuels ont pris une incroyable valeur sur le marché. Savoir, Compétence, Créativité, Innovation, valent plus aujourd’hui que les produits finis. On les regarde comme une source prometteuse de richesses. Elles sont une source intangible et inépuisable, qu’il devient vital de les repérer pour mieux les exploiter.
L’ère du savoir, de la connaissance s’impose dans la Nouvelle Economie. Le principal capital des entreprises sera désormais plus humain que financier, leurs valeurs plus intangibles que tangibles. Le comprendre est déjà faire un grand pas vers le succès. L’appliquer est une garantie de longévité économique pour toutes les entreprises et les Etats.
III. MPACTS COVID19 et BIENVENUE DANS L’ECONOMIE DE LA CONNAISSANCE
La connaissance, le savoir, la créativité et les technologies seront la colonne vertébrale du Post-Covid.
Les impacts du Covid-19 sur notre monde actuel sont très disruptifs. La démarche d’Intelligence Economique nous permet de réduire les incertitudes dans les stratégies de développement des entreprises et des Etats. Nous remarquons, que les entreprises les moins impactées par le Covid, sont toutes organisées autour du secteur des Technologies (GAFAM). La recherche, l’intelligence artificielle, le Big Data, les technologies réseaux, la robotique, la digitalisation monétaire, documentaire et la biomimétisme, l’économie Bleue, l’économie circulaire, l’économie Verte, l’économie Orange, etc., auront une place prépondérante dans la nouvelle Industrie post-covid.
La transformation digitale deviendra une grande réalité pour toutes les entreprises et les Etats, qui veulent vivre dans l’ère Post Covid. La gouvernance des entreprises et celle des Etats seront aussi renforcées au moment où la culture du Résultat sera accentuée.
La gestion stratégique de l’information économique, technologique, est devenue l’un des moteurs essentiels de la performance globale des entreprises et des Etats. En effet, le processus de la mondialisation des marchés a contraint les agents économiques à s’adapter aux nouveaux équilibres qui s’établissent entre concurrence et coopération (Coo-Petition).
Pour la Sécurité Economique, les gouvernements auront compris l’importance de la mobilisation de l’épargne locale dans tous les programmes de développement endogène du pays. Le Covid a aussi démontré que le Patriotisme Civique permet de lever des fonds importants, difficiles à acquérir auprès du marché financier international, sans des conditions restrictives.
La sécurité alimentaire sera un des piliers de tous les Etats respectueux et stratèges, qui ne souhaitent pas une dépendance des besoins de base de leur population.
Nous avons ainsi réuni les trois (3) axes fondamentaux de l’Intelligence Economique & Développement, IED, pour la survie de nos entreprises et de nos Etats dans l’ère post Covid-19.
CONCLUSION
Dans le contexte turbulent Post Covid, il faudrait ABSOLUMENT un changement radical de paradigme avec une nouvelle politique économique adaptée, qui apparaît comme un processus de gestion de l’information critique, dont la finalité est la réduction de l’incertitude dans les différentes prises de décisions gouvernementale et entrepreneuriale.
Au début de la période Post Covid, l’émergence des nouvelles technologies de l’information et du nouvel ordre mondial, va bouleverser complètement le devenir de nos Etats et entreprises africaines.
La gestion stratégique de l’information économique est devenue l’un des moteurs essentiels de la performance globale de tous les Etats et organisations. Le phénomène de mondialisation des marchés contraint les acteurs économiques, politiques, à s’adapter aux nouveaux équilibres qui s’établissent entre concurrence et coopération.
Ce qui rend la situation de plus en plus difficile, c’est le changement de sa dimension: la globalisation progressive des technologies et des connaissances pour un développement durable, qui multiplie à la fois le nombre des acteurs, leur diversité et les types de contraintes. L’accélération des moyens de communication va changer le rythme des événements et imposera des réactions objectives, rapides dans une parfaite INTELLIGENCE COLLECTIVE pour notre développement durable.
1 Voir Hommage de Philippe Clerc dans le cahier AFDIE N°2. Professeur Stevan Dadijer est le précurseur de
l’analyse comparée des systèmes d’Intelligence économiques nationaux ; http://www.cpaasso.
org/cpa/pdf?id=326
2 Premier cabinet Francophone d’Intelligence économique spécialisé sur les pays ACP. Crée à Paris en 1995,
Fondateur du Forum Intelligence Economique et développement, FIED depuis 1999.
3 Terme désignant Intelligence Economique et Développement